Football factory

Dans une Angleterre ou la société libérale à mis de coté les ouvriers, les chômeurs, on partage la vie au quotidien d'un hooligan et de ses potes supporters de Chelsea, si au premier abord on peut réduire ce livre à seulement un résumé sur le foot, la bière et les coups de poings dans la tronche il se trouve que celui-ci est beaucoup plus complet et socialement parlant très intéressant.

On y découvre des mecs s'ennuyant dans leur boulot ( pour ceux qui en ont ) , dans leurs vies de familles et n'attendant que le week-end pour retrouver leur passion, on y voit des mecs jeunes et d'autres un peu moins, et tous ont cette sensation d'être totalement exclus de la société anglaise, le football devient donc un exutoire.

Une Angleterre décrite et s'appuyant sur les parties sombres de cette dernière, entre la laideur de certains quartiers, voir des villes, les usines laissés pour compte, des gosses paumés et des parents totalement à l'ouest...

Si la bière coule à flot on y voit bien que au delà du plaisir il y'a aussi un fatalisme à tout ça, comme si aucun espoir n'était à gagné dans l'avenir de ces mecs là , la baston elle d'ailleurs n'existe que pour se défouler, dans des stations de métros, dans une ruelle, sous un pont, dans un champ etc... Que ça soit à Londres ( Milwall, West Ham ) , Liverpool, Manchester, on y échappe pas, au contraire on en vit .

Violent, dur, parfois drôle ce livre à le mérite de nous plonger dans l'explication de ce phénomène qui n'a jamais disparu.

Nick Hornby, dans "Carton Jaune", avait lui aussi romancé sa vie de supporter de foot. Mais King, fort d'une expérience personnelle extrême (et même extrémiste), raconte le hooliganisme de l'intérieur et c'est saisissant. Le foot n'est plus alors qu'un prétexte pour se saouler, chercher la bagarre, se battre et peu importent les résultats.

Si comme moi, vous vous êtes toujours demandé ce qui poussait des individus normalement constitués à passer leur weekend à se castagner pour des millionaires en short sur une pelouse, ce livre est fait pour vous.

Sur le thème du working class hero, John King dévoile de manière brillante les motivations de ces hooligans et de cela de manière plus nuancée que le film du même nom adapté du roman.

Le journal intime d'un hooligan... Et c'est violent !!

Il y a bien sûr le langage qui va avec, d'une extrême grossièreté. Mais ce qui m'a le plus dérangé, c'est de ne pas pouvoir deviner quel doit être le bon degré de lecture : est-ce du second degré (ce que j'espère vivement...) ou John King, à l'image de la bande de jeunes gens qu'il décrit, est-il à ce point raciste, sexiste, violent et con ??

Certains passages plus émouvants, plus humains et mieux écrits m'inclinent à penser que non. Ouf !